Interview de William LANGEDOCK, membre de la confrérie
Une longue histoire m'associe à la Fête des louches. Gamin j'enviais les gens en rouge et jaune qui du haut de la mairie jetaient les louches et je rêvais secrètement d'un jour en faire partie.
Je me souviens de ma première louche attrapée durant le cortège dans la rue d'Hurlupin. Et frustration ma mère me la fit remettre à un vieux Monsieur me disant qu'elle lui était destinée. On en est loin maintenant de ce genre de civilité ...
En 1975 j'assistais aux fouilles de la Société d'histoire sur le site de l'ancienne église de Bas-Warneton dans le cimetière. Un jour d'août, Philippe DELVAL, à l'époque membre du Comité de la Fête des Louches est venu nous rejoindre. Par la suite nous nous sommes liés d'amitié et c'est tout naturellement que je l'ai aidé pour la peinture des tours, la louche de la Damoiselle et par la suite le montage des chars. Mes activités artistiques étaient un atout.
Mon premier cortège s'est fait par hasard. Arrivé dans la cour de l'Ecole Saint Joseph dans la rue du Bas Chemin où les figurants se costumaient, il s'est avéré que l'un d'entre eux manquait à l'appel. En fait il était complètement ivre et devait figurer le Roi Gambrinus ! C'est ainsi que j'ai revêtu le sarrau et la casquette et assis sur un énorme tonneau j'ai fait le cortège une chopine à la main. Mon frère m'y a rejoint et a fait le cortège comme porteur d'une grande louche. Je ne vous dis pas ma descente mais j'ai pu assister au jet des louches avec les membres du comité.
En 1978 comme il manquait des membres on nous a proposé de faire partie du comité. Cela a perduré jusqu'en 1984 où un différend avec le président m'a écarté avec regret pendant 20 ans. Mais je n'ai jamais cessé de m'y intéresser et je n'ai raté aucun cortège. Je me souviens des soirées passées chez l'un ou l'autre membre, de la construction du drakkar chez mon ami Roger dans la rue du Château, du car-podium d'une célèbre marque d'apéritifs, du montage et démontage des chars, etc.
Plusieurs fois il m'a été demandé de le réintégrer. Ce que j'ai finalement accepté lors de ma mise en préretraite en 2004. Mon arrivée ne s'est pas faite seule car j'y ai proposé l'organisation du marché médiéval ce qui a été accepté car il n'y avait rien le samedi après-midi.
La Fête des louches représente pour moi beaucoup de choses, j'étais l'un des premiers belges dans le comité mais je suis Cominois avant tout. Féru d'histoire médiévale la frontière pour moi n'existe pas. Elle est l'une des péripéties de la bêtise humaine. Au moyen âge Comines ne faisait qu'un. Bien sûr la partie historique se trouve au sud de la Lys.
La Fête des louches c'est l'automne avec ses couleurs et ses senteurs, et à l'époque les marchands de cacahuètes ambulants ... La Fête des louches c'est aussi : les travaux qui débutent en août, puis tous les samedis de septembre on se retrouve pour le montage des chars et l'adrénaline commence à monter au fur et à mesure que l'on approche. Vient le weekend tant attendu avec son apogée pour tout membre : la montée sur le char et le jet des louches. Après vient le temps du démontage et au dernier samedi c'est le vide, les meilleures choses ont une fin. On se voit moins mais chaque année notre fête renait, comme notre emblème le phénix, de ses cendres sur un bucher de louches.
William LANGEDOCK
Membre du Comité et de la Confrérie de la Franche Louche
